Le Code de Vinci ne doit pas être ignoré simplement parce qu’il s’agit d’une fiction. Sa proposition, que Jésus Christ a été réinventé à des fins politiques, s’attaque aux fondements-mêmes du christianisme. Son auteur, Dan Brown, a déclaré devant la télévision nationale que, bien que l’histoire soit fictive, il croit que son récit concernant l’identité de Jésus est véridique. Alors où est la vérité ? Examinons cette question.
- Jésus était-il secrètement marié avec Marie Magdeleine ?
- La divinité de Jésus fut-elle inventée par Constantin et par l’église ?
- Les documents originaux concernant Jésus ont-ils été détruits ?
- Est-ce que des manuscrits récemment découverts remettent en question la vérité sur Jésus ?
Est-ce qu’un complot de géantes proportions a abouti à la réinvention de Jésus? D’après le livre et le film Le Code de Vinci, c’est exactement ce qu’il s’est produit. Plusieurs des déclarations du livre à l’égard de Jésus ont une odeur de complot. Par exemple, le livre déclare :
Personne ne prétend dire que Christ était faux, ou nier qu’Il ait marché sur la terre et inspiré des millions à vivre des vies meilleures. Tout ce que nous disons, c’est que Constantin a tiré profit de l’influence et de l’importance substantielles de Christ. Et dans la même foulée, il a donné au christianisme sa forme telle que nous la connaissons aujourd’hui. [1]
Cette affirmation choquante du bestseller de Dan Brown pourrait-elle être vraie? Ou est-ce que la proposition derrière cette affirmation est simplement tissée du même fil qu’un bon roman d’intrigue—d’un niveau équivalent à la croyance que des extra-terrestres ont atterri à Roswell, au Nouveau Mexique, ou qu’il y avait un second tireur d’élite sur le monticule herbu à Dallas, quand JFK fut assassiné? Dans un cas comme dans l’autre, l’histoire est convaincante. Il n’est pas surprenant que le livre de Brown soit devenu l’une des histoires les mieux vendues de cette décennie.
Le complot autour de Jésus
Le Code de Vinci commence par le meurtre d’un conservateur de musée nommé Jacques Saunière. Un professeur d’université d’Harvard et une belle cryptologue française sont envoyés pour déchiffrer un message laissé par le conservateur avant sa mort. Ce message finit par révéler le complot le plus profond de toute l’histoire de l’humanité : une couverture du vrai message de Jésus Christ par une branche secrète de l’Église catholique romaine, appelée Opus Dei.
Avant de mourir, le conservateur était en possession d’une preuve capable de réfuter la divinité de Christ. Bien que (selon le livre) l’église ait tenté pendant des siècles de faire disparaître la preuve, de grands penseurs et artistes ont placé des indices un peu partout : dans des peintures telles que Mona Lisa et La Sainte Cène de Léonard de Vinci, au sein de l’architecture des cathédrales, et même dans les dessins animés de Disney. Les revendications fondamentales du livre sont les suivantes :
- L’empereur romain, Constantin, complota pour déifier Jésus Christ.
- Constantin sélectionna personnellement les livres du Nouveau Testament.
- Les évangiles gnostiques furent rejetés par des hommes dans le but de mettre les femmes au silence.
- Jésus et Marie-Madeleine furent secrètement mariés et eurent un enfant.
- Des milliers de documents secrets réfutent les éléments clefs du christianisme.
Brown révèle son complot par l’intermédiaire de l’expert imaginaire du livre, un historien royal britannique nommé Sir Leigh Teabing. Décrit comme un vieux chercheur empreint de sagesse, Teabing révèle à la cryptologue Sophie Neveu que lors du Concile de Nicée en 325 A.D., de nombreux aspects du christianisme furent discutés et firent l’objet d’un vote, notamment la divinité de Jésus.
Jusqu’à ce moment dans l’histoire , dit-il, Jésus était considéré par ses fidèles comme un prophète mortel… un grand homme puissant, mais un homme néanmoins.
Neveu est sidérée. Il n’est pas le Fils de Dieu? demande-t-elle.
Teabing explique: L’établissement de Jésus en tant que ‘Fils de Dieu’ fut officiellement proposé et voté par le Concile de Nicée.
Attendez. Etes-vous en train de dire que la divinité de Jésus fut le résultat d’un vote ?
Et un vote serré, en plus », dit Teabing à la cryptologue stupéfaite.[2]
Donc, d’après Teabing, Jésus n’était pas considéré comme Dieu jusqu’au Concile de Nicée de 325 A.D., quand les informations véritables sur Jésus auraient supposément été rejetées et détruites. Ainsi, selon la théorie, les fondements-mêmes du christianisme, dans leur totalité, reposent sur un mensonge.
Le Code de Vinci a très bien vendu son histoire, récoltant des commentaires de la part de lecteurs, tels que: Si ce n’était pas vrai, cela n’aurait pas pu être publié! Quelqu’un d’autre a déclaré qu’il ne mettrait jamais plus les pieds dans une église. Un critique du livre en a chanté la louange pour sa « recherche impeccable .[3] Plutôt convaincant pour un ouvrage de fiction.
Supposons, pour un instant, que la proposition de Teabing soit vraie. Pourquoi, dans ce cas-là, le Concile de Nicée décida-t-il d’élever Jésus à l’état de Dieu ?
C’était une question de pouvoir, poursuit Teabing. Christ, en tant que Messie, était essentiel au fonctionnement de l’église et de l’état. Bon nombre d’érudits prétendent que l’église primitive aurait littéralement dérobé Jésus de ses fidèles d’origine, kidnappant son message humain, le recouvrant d’un voile impénétrable de divinité, et se servant de lui pour affermir et étendre son propre pouvoir. [4]
De bien des manières, le Code de Vinci est la plus grande des théories de conspiration. Si les affirmations de Brown sont justes, alors on a été trompés—par l’église, par l’histoire et par la Bible. Peut-être même par ceux en qui nous avons eu la plus grande confiance, c’est-à-dire nos parents ou nos enseignants. Et tout cela au nom d’une prise de pouvoir.
Bien que le Code de Vinci soit un ouvrage de fiction, l’ensemble de sa proposition se fonde sur des événements réels (le Concile de Nicée), des personnes réelles (Constantin et Arius), et des documents réels (les évangiles gnostiques). Si nous voulons démêler cette intrigue, notre objet doit être de répondre aux accusations de Brown et de séparer les faits de la fiction.
Constantin et le christianisme
Durant les siècles ayant précédé le règne de Constantin sur l’empire romain, les Chrétiens avaient été cruellement persécutés. Mais subitement, alors qu’il était profondément engagé dans la guerre, Constantin déclara qu’il avait eu une vision éclatante d’une croix dans le ciel, dotée de l’inscription : Conquiers par ceci. Il entra dans la bataille sous le signe de la croix et s’empara de la sorte du contrôle de l’empire.
L’apparente conversion de Constantin au christianisme fut un point déterminant dans l’histoire de l’église. Rome devint un empire chrétien. Pour la première fois depuis 300 ans, on pouvait être chrétien en relative sécurité, et avec même une certaine popularité.
Les Chrétiens n’étaient plus persécutés pour leur foi. Constantin chercha alors à unifier ses empires orientaux et occidentaux, alors très divisés par des schismes, sectes et cultes, généralement motivés par la question de l’identité de Jésus Christ.
Voilà donc quelques éléments de vérité du Code de Vinci, et des éléments de vérité doivent nécessairement précéder toute théorie de conspiration destinée à réussir. Mais le scénario du livre transforme Constantin en un conspirateur. Alors, répondons à une question fondamentale soulevée par la théorie de Brown : Constantin a-t-il inventé la doctrine chrétienne de la divinité de Jésus ?
La déification de Jésus
Pour répondre à l’accusation de Brown, nous devons d’abord déterminer ce que l’ensemble des Chrétiens croyaient avant même que Constantin ne réunisse le Concile de Nicée.
Les Chrétiens adoraient Jésus comme Dieu depuis le premier siècle. Mais au quatrième siècle, un chef de l’église orientale, Arius, se lança dans une campagne pour défendre le caractère unique de Dieu. Il enseigna que Jésus était un être spécialement créé, plus élevé que les anges, mais non Dieu. Athanase et la plupart des chefs de l’église, par contre, étaient convaincus que Jésus était Dieu manifesté dans la chair.
Constantin souhaitait calmer la dispute, espérant installer la paix dans l’empire, en remplaçant par l’union les divisions de l’Est et de l’Ouest. Ainsi, en 325 A.D., il réunit plus de 300 évêques à Nicée (faisant maintenant partie de la Turquie) de toutes les parties du monde chrétien. La question fondamentale à se poser, c’est de savoir si l’église primitive voyait Jésus comme le créateur ou simplement une création—le Fils de Dieu ou le fils d’un charpentier ? Alors, qu’enseignaient les apôtres au sujet de Jésus ? Dès leurs premières déclarations attestées, ils l’ont considéré comme Dieu. Environ 30 ans après la mort et la résurrection de Jésus, Paul écrit aux Philippiens que Jésus est Dieu sous forme humaine (Philippiens 2, 6 à 7, Bible Louis Segond, 1910). Et Jean, un témoin oculaire, confirme la divinité de Jésus dans le passage suivant :
Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie. Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous (Jean 1, 1 à 4 et verset 14, Bible Louis Segond, 1910).
Ce passage de Jean 1, a été découvert au sein d’un manuscrit ancien, et il a été daté au carbone entre 175 et 225 A.D. Donc Jésus était clairement mentionné comme Dieu depuis plus de cent ans avant que Constantin ne réunisse le Concile de Nicée. Nous constatons maintenant que la preuve de l’expertise technique et scientifique du manuscrit contredit la revendication du Code de Vinci selon laquelle la divinité de Jésus était une invention datant du quatrième siècle. Mais que nous dit l’histoire au sujet du Concile de Nicée ? Brown affirme dans son livre, à travers Teabing, que la majorité des évêques de Nicée rejetèrent la conviction d’Arius que Jésus était un “prophète mortel” et adoptèrent la doctrine de la divinité de Jésus lors d’un ” vote relativement serré “. Vrai ou faux ?
En réalité, le vote était massivement favorable : seulement deux des 318 évêques s’y opposèrent. Tandis qu’Arius croyait que le Père seul était Dieu, et que Jésus était sa suprême création, le concile conclut que Jésus et le Père possédaient la même et unique essence divine.
Le Père, le Fils et le Saint Esprit furent estimés être des personnes distinctes, coexistantes et coéternelles, mais un seul Dieu. Cette doctrine d’un seul Dieu en trois personnes fut connue par la suite comme le symbole de Nicée. Il est vrai qu’Arius était convaincant et exerçait une influence considérable. Le vote massif intervint après de grands débats. Mais à la fin, le Concile déclara à l’unanimité qu’Arius était un hérétique, puisque son enseignement contredisait ce que les apôtres avaient enseigné sur la divinité de Jésus.
L’histoire confirme également que Jésus avait publiquement reçu l’adoration de ses disciples. Et, comme nous l’avons vu, Paul et les autres apôtres ont clairement enseigné que Jésus est Dieu et qu’il est digne d’adoration.
Depuis les premiers temps de l’église chrétienne, Jésus a été considéré comme bien plus qu’un simple homme, et la plupart de ses fidèles l’ont adoré comme le Seigneur-le Créateur de l’univers. Alors, comment Constantin pourrait-il avoir inventé la doctrine de la divinité de Jésus si l’église considérait déjà Jésus comme Dieu depuis plus de 200 ans ? Le Code de Vinci ne répond pas à cette question.
Le coup de canon
Le Code de Vinci prétend aussi que Constantin aurait éliminé tous les documents sur Jésus autres que ceux figurant dans le canon de notre Nouveau Testament actuel (reconnus par l’église comme des rapports de témoignages authentiques émanant des apôtres). Le Code déclare par ailleurs que les récits du Nouveau Testament auraient été modifiés par Constantin et les évêques dans le but de réinventer Jésus. L’autre élément clef du complot du Code de Vinci, c’est que les quatre évangiles du Nouveau Testament auraient été spécialement choisis parmi un total de ” plus de 80 évangiles ” dont la plupart auraient été supposément éliminés par Constantin.[5]
Deux questions importantes se posent ici, et nous devons répondre aux deux. La première est de savoir si Constantin aurait modifié ou arrangé selon son goût le choix des livres du Nouveau Testament. La seconde est de savoir s’il aurait rejeté des documents qui auraient dû être intégrés à la Bible.
Pour ce qui est de la première question, les lettres et documents écrits par les chefs de l’église du second siècle, de même que par les hérétiques, confirment l’usage répandu des livres du Nouveau Testament. Près de 200 ans avant que Constantin ne réunisse le Concile de Nicée, l’hérétique Marcion énumérait 11 des 27 livres du Nouveau Testament comme des écrits authentiques des apôtres.
Et, pratiquement en même temps, un autre hérétique nommé Valentin faisait allusion à un grand nombre de thèmes et passages du Nouveau Testament. Puisque ces deux hérétiques s’opposaient à la tête de l’église primitive, ils n’écrivaient pas nécessairement ce que les évêques auraient souhaité. Cependant, comme l’église primitive, ils continuaient à citer les mêmes livres du Nouveau Testament que nous lisons aujourd’hui.
Donc, si le Nouveau Testament était déjà largement utilisé 200 ans avant Constantin et le Concile de Nicée, comment l’empereur pourrait-il l’avoir inventé ou modifié ? A cette époque déjà, l’église était répandue et comptait des centaines de milliers, sinon des millions, de croyants, lesquels étaient tous familiarisés avec les récits du Nouveau Testament.
Dans ce livre, The Da Vinci Deception [La supercherie de Vinci], une analyse du Code de Vinci, Dr. Erwin Lutzer fait la remarque suivante :
Constantin n’a pas décidé quels livres seraient inclus dans le canon ; en fait, le sujet du canon ne fut pas même mentionné lors du Concile de Nicée. A cette époque déjà, l’église primitive lisait un canon de livres qui avaient été déterminés deux cents ans auparavant comme étant la Parole de Dieu. [6]
Bien que le canon officiel fût encore à des années de sa finalisation, le Nouveau Testament d’aujourd’hui était estimé authentique plus de deux siècles avant Nicée.
Ceci nous amène à la seconde question ; pourquoi ces mystérieux évangiles gnostiques ont-ils été détruits et exclus du Nouveau Testament ? Dans le livre, Teabing affirme que les écrits gnostiques furent éliminés de 50 Bibles autorisées, commissionnées par Constantin au Concile. Il déclare avec enthousiasme à Neveu :
Du fait que Constantin promut Jésus presque quatre siècles après la mort de celui-ci, il existait déjà des milliers de documents racontant sa vie comme simple mortel. Pour réécrire les livres d’histoire, Constantin se rendit compte qu’il aurait besoin d’un coup audacieux. C’est de là que naquit le moment le plus profond de toute l’histoire chrétienne. …Constantin commissionna et finança une nouvelle Bible qui omettait ces évangiles décrivant Christ avec des traits humains et embellissait ceux qui renforçait son apparence divine. Les évangiles d’origine furent bannis, rassemblés et brûlés. [7]
Est-ce que ces écrits gnostiques racontaient la véritable histoire de Jésus Christ ? Examinons-les de plus près pour voir si nous pouvons distinguer la vérité de la fiction.
Les “savants” secrets
Les évangiles gnostiques sont attribués à un groupe connu sous le nom de (surprise !) Gnostiques. Leur nom provient du mot grec gnosis, signifiant “connaissance”. Ces gens pensaient qu’ils possédaient un savoir secret et particulier, dissimulé aux gens ordinaires.
Parmi les 52 écrits, seulement cinq sont en fait appelés évangiles. Comme nous allons le voir, ces soi-disant évangiles diffèrent énormément des évangiles du Nouveau Testament, c’est-à-dire de Matthieu, Marc, Luc et Jean.
A mesure que le christianisme se répandait, les Gnostiques ont mélangé certaines doctrines et divers éléments du christianisme avec leurs propres croyances, transformant ainsi le gnosticisme en un christianisme déguisé. Peut-être ont-ils fait cela dans le but de recruter de plus grands nombres et de faire de Jésus la figure de proue de leur cause. Cependant, pour que leur système de pensée puisse se fusionner avec le christianisme, il leur fallait réinventer Jésus en le dépeçant à la fois de son humanité et de sa divinité absolue.
Dans son livre, The Oxford History of Christianity [L’histoire Oxford du christianisme], John McManners écrit sur le mélange effectué par les Gnostiques des croyances chrétiennes et mythiques :
Le gnosticisme était (et est toujours) une théosophie composée de nombreux ingrédients. L’occultisme et le mysticisme oriental ont été fusionnés à l’astrologie et la magie. Ils ont recueilli des phrases de Jésus, recomposées pour coïncider à leur propre interprétation (comme dans l’évangile de Thomas), et ont offert à leurs adhérents une forme de christianisme alternative ou rivale. [8]
Les premiers critiques
Contrairement aux affirmations de Brown, ce n’est pas Constantin qui a déclaré hérétiques les croyances gnostiques ; ce sont les apôtres mêmes. Une petite infection de cette philosophie se répandait déjà au premier siècle, seulement quelques décennies après la mort de Jésus. Les apôtres, dans leur enseignement et leurs écrits, se sont donné beaucoup de peine pour condamner ces croyances comme opposées à la vérité de Jésus dont ils étaient les témoins oculaires.
Voyez, par exemple, ce que l’apôtre Jean écrivit vers la fin du premier siècle :
Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antéchrist, qui nie le Père et le Fils. (1 Jean 2, 22)
Conformément à l’enseignement des apôtres, les chefs de l’église primitive condamnèrent à l’unanimité les gnostiques comme un culte. Irénée, l’un des pères de l’église, écrivant 140 ans avant le Concile de Nicée, confirma que les gnostiques étaient condamnés par l’église comme hérétiques. Il rejeta également leurs “évangiles”. Toutefois, faisant référence aux quatre évangiles du Nouveau Testament, il dit: Il n’est pas possible que les évangiles soit plus nombreux ou moins nombreux qu’ils ne le sont en fait. [9]
Origène, le théologien chrétien, écrit ceci au début du troisième siècle, plus de cent ans avant Nicée :
Je connais un certain évangile intitulé ” L’évangile selon Thomas ” et un ” Évangile selon Matthias “, ainsi que beaucoup d’autres que nous avons lus—sans quoi nous risquions d’être considérés ignorants à cause de ceux qui s’imaginent posséder certaines connaissances parce qu’ils les ont lus. Néanmoins, parmi tous ceux-là, nous avons seulement approuvé ce que l’église a reconnu, c’est-à-dire que seuls quatre évangiles devraient être acceptés.[10]
Voilà donc les paroles d’un chef très respecté de l’église primitive. Les Gnostiques furent reconnus comme un culte non chrétien bien avant le Concile de Nicée. Mais il existe encore d’autres preuves mettant en question les revendications du Code de Vinci.
Qui est sexiste?
Brown suggère que Constantin avait, parmi ses motifs de bannir les écrits gnostiques, celui de mettre au silence les femmes dans l’église. Ironiquement, c’est l’évangile gnostique de Thomas qui avilit les femmes. Il conclut (supposément en citant Pierre) avec cette déclaration stupéfiante : Que Marie s’éloigne de nous, car les femmes ne sont pas dignes de la vie (114). Et puis Jésus dit supposément à Pierre qu’il doit faire un homme de Marie afin qu’elle puisse entrer dans le royaume des cieux. Lire : les femmes sont inférieures. Avec de tels sentiments exposés, il est difficile de concevoir que les écrits gnostiques se réclament d’être un cri de guerre en faveur de la libération de la femme.
Par opposition, le Jésus des évangiles bibliques traita toujours les femmes avec dignité et respect. Des versets révolutionnaires comme celui qui suit, extrait du Nouveau Testament, ont établi la fondation même des efforts visant à élever la condition de la femme :
l n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus d’esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus Christ. (Galates 3, 28, Bible Louis Segond, 1910).
Des auteurs mystérieux
Quand il s’agit des évangiles gnostiques, pratiquement chaque livre porte le nom d’un personnage du Nouveau Testament : L’évangile selon Philippe, L’évangile selon Pierre, L’évangile selon Marie, L’évangile selon Judas, et ainsi de suite. (On dirait le cahier d’appel d’une école paroissiale.) Ce sont les livres sur lesquels les théories de conspiration comme Le Code de Vinci sont fondées. Mais ont-ils même été écrits par leurs auteurs prétendus ?
Les évangiles gnostiques datent d’environ 110 à 300 ans après Christ, et aucun érudit de bonne réputation ne croit que quelconque d’entre eux n’ait été rédigé par la personne dont il porte le nom. Dans la collection très complète de James M. Robinson, nommée The Nag Hammadi Library, nous apprenons que les évangiles gnostiques ont été écrits par ” généralement, des auteurs sans relation et anonymes “.[12] Dr. Darrell L. Bock, professeur d’études du Nouveau Testament à Dallas Theological Seminary [Séminaire théologique de Dallas], écrit :
La majorité de ces documents date de quelques générations postérieures à la fondation de la foi chrétienne, un élément essentiel dont il faut se rappeler lorsqu’on souhaite en évaluer le contenu. [13]
L’étudiant du Nouveau Testament, Norman Geisler, a commenté concernant deux écrits gnostiques, L’évangile selon Pierre et les Actes de Jean (Ces écrits gnostiques ne doivent pas être confondus avec les livres du Nouveau Testament écrits par Jean et Pierre.) :
Les écrits gnostiques n’ont pas été écrits par les apôtres, mais par des hommes du second siècle (et plus tard) usant d’une autorité apostolique présumée pour promouvoir leurs propres enseignements. De nos jours, cela s’appelle fraude et contrefaçon. [14]
Les écrits gnostiques ne sont pas des récits historiques de la vie de Jésus, mais plutôt des paroles essentiellement ésotériques, voilées de mystère et omettant les détails historiques tels que les noms, lieux et événements. Ces écrits font fortement contraste aux évangiles du Nouveau Testament qui sont remplis d’innombrables faits historiques sur la vie, le ministère et les paroles de Jésus.
Madame Jésus
La partie la plus croustillante de la conspiration de Vinci est l’affirmation que Jésus et Marie Madeleine partageaient un mariage secret dont serait issu un enfant qui perpétuerait la lignée. Par ailleurs, le ventre de Marie Madeleine, alors porteuse de l’enfant de Jésus, est représenté dans le livre comme le Saint Graal légendaire, un secret gardé de près par une organisation catholique sous le nom de Prieuré de Sion. Sir Isaac Newton, Botticelli, Victor Hugo, et Léonard de Vinci en sont tous cités comme membres.
Romance. Scandale. Intrigue. Une base fantastique pour une théorie de conspiration. Mais est-ce vrai? Voyons ce que les experts en disent.
Un article du magazine Newsweek, résumant les opinions des principaux experts, a conclu que la théorie selon laquelle Jésus et Marie Madeleine auraient été secrètement mariés n’avait aucun fondement historique.[15] La proposition du Code de Vinci est essentiellement bâtie sur un verset isolé de l’évangile de Philippe, qui indique que Jésus et Marie étaient compagnons. Dans le livre, Teabing tente de construire une défense autour du fait que le terme compagnon (koinonos) pourrait signifier époux. Mais la théorie de Teabing n’est pas reçue par les experts.
Il y a, par ailleurs, un verset unique dans l’évangile de Philippe qui dit que Jésus embrassa Marie. Il était commun, au premier siècle, d’accueillir des amis en leur donnant un baiser, sans aucune implication sexuelle. Mais même si l’interprétation du Code de Vinci était juste, il n’existe aucun autre document historique confirmant cette théorie. Et puisque l’évangile de Philippe est un document contrefait, écrit 150 à 220 ans après Christ par un auteur inconnu, sa déclaration concernant Jésus n’est pas fiable d’un point de vue historique.
Peut-être les Gnostiques pensent-ils que le Nouveau Testament manque un peu de romance et ont-ils décidé, par conséquent, de rendre les choses un peu plus épicées. Quelle qu’en soit la raison, ce verset obscur et isolé, écrit deux siècles après Christ, ne constitue pas de base sérieuse sur laquelle élaborer une théorie de conspiration. Lecture intéressante, peut-être ; mais, de l’histoire, absolument pas.
Quant au Saint Graal et au Prieuré de Sion, le récit fictif de Brown écorche encore l’histoire. Le Saint Graal légendaire était supposément la coupe dont Jésus aurait bu durant la sainte cène, et est sans rapport avec Marie Madeleine. Et Léonard de Vinci ne pourrait jamais avoir connu le Prieuré de Sion, étant donné que celui-ci n’aurait pas été fondé avant 1956, autrement dit, 437 ans après sa mort. Encore une fois, une fiction intéressante, mais dénuée de véracité historique.
Des documents secrets
Mais qu’en est-il de la révélation de Teabing concernant des milliers de documents secrets qui prouvent que le christianisme est un canular ? Cela pourrait-il être vrai ?
S’il existait de tels documents, les experts qui se posent comme ennemis du christianisme auraient bon temps. Les écrits frauduleux qui furent rejetés par l’église primitive en raison de leurs points de vue hérétiques ne sont pas secrets puisque leur existence est connue depuis des siècles. Il n’y a là aucune surprise. Ils n’ont jamais été considérés comme faisant partie des écrits authentiques des apôtres.
Et si Brown (Teabing) fait référence aux écrits apocryphes, ou aux évangiles de l’enfance, ce diable est aussi déjà sorti de la boîte. Ils ne sont pas secrets, et ne discréditent pas non plus le christianisme. L’expert du Nouveau Testament, Raymond Brown, a dit concernant les évangiles gnostiques :
Nous n’apprenons pas un seul nouveau fait vérifiable sur le ministère du Jésus historique, et seulement quelques nouvelles paroles qui pourraient potentiellement avoir été prononcées par lui. [17]
Contrairement aux évangiles gnostiques, dont les auteurs sont inconnus et n’ont pas été témoins oculaires, le Nouveau Testament que nous possédons aujourd’hui a été soumis à de nombreux tests d’authenticité. (Cliquer pour lire Jesus.doc). Le contraste est dévastateur pour ceux qui soutiennent les théories de conspiration. F. F. Bruce, un historien du Nouveau Testament, a écrit :
Il n’existe aucun élément de la littérature antique du monde qui jouisse d’une richesse de solide attestation textuelle équivalente à celle du Nouveau Testament.[18]
Bruce Metzger, un érudit du Nouveau Testament, a révélé pourquoi l’évangile de Thomas n’a pas été accepté par l’église primitive :
Il n’est pas juste de dire que l’évangile de Thomas a été exclu sur la décision arbitraire d’un Concile : la vérité, c’est que l’évangile de Thomas s’est exclu lui-même ! Il ne concordait pas avec les autres témoignages sur Jésus, que les premiers Chrétiens ont acceptés comme fiables. [19]
Le verdict historique
Alors, que devons-nous conclure sur les diverses théories de conspiration concernant Jésus Christ ? Karen King, professeur d’histoire ecclésiastique à Harvard, a écrit plusieurs livres sur les évangiles gnostiques, y compris L’évangile de Marie Madeleine et Qu’est-ce que le gnosticisme ? King, bien qu’étant une fervente défenderesse de l’enseignement gnostique, a conclu : Ces notions sur la théorie de conspiration… sont toutes des idées marginales sans aucune base historique. [20]
En dépit de l’absence de preuves historiques, les théories de conspiration continueront à faire vendre des millions de livres et à établir des records aux guichets. Les experts des domaines associés, certains Chrétiens et certains sans aucune foi du tout, ont contesté les revendications du Code de Vinci. Cependant, les personnes qui sont facilement influençables se poseront toujours des questions ; pourrait-il y avoir quelque chose là-dessous, après tout ?
Frank Sesno, un journaliste réputé pour son travail de télévision primé, a demandé à un panneau d’érudits de l’histoire d’expliquer la fascination exercée sur les gens par les théories de conspiration. Professeur Stanley Kutler de l’Université du Wisconsin a répondu : Nous aimons tous les mystères-mais nous aimons encore mieux les conspirations. [21]
Alors, si vous voulez lire une bonne théorie de conspiration sur Jésus, le roman de Dan Brown, Le Code de Vinci, pourrait être le bon choix pour vous. Mais si vous voulez lire de vrais récits sur Jésus Christ, alors Matthieu, Marc, Luc et Jean vous ramèneront à ce que les témoins oculaires ont vu, entendu et écrit. Qui préférez-vous croire ?
L’historien non chrétien H.G. Wells, concernant l’existence de Jésus christ, l’a peut-être le mieux dit :
Il y avait un homme. Cette portion de la légende ne pourrait pas avoir été inventée.
Cliquer ici pour nous dire en quoi cet article vous a aidé.
Jésus est-il vraiment ressuscité des morts ?
Les témoins de Jésus Christ ont en fait parlé et agi comme s’ils étaient convaincus de sa résurrection après sa crucifixion. Aucun dieu de la mythologie, ni d’une autre religion, n’a eu de fidèles empreints d’une telle conviction.
Mais doit-on accepter la résurrection de Jésus Christ seulement par la foi, ou y a-t-il de solides preuves historiques en sa faveur ? Plusieurs, parmi les sceptiques, ont entamé des enquêtes sur les traces historiques dans le but d’en prouver la fausseté. Qu’ont-ils découvert ?
Jésus est-il vraiment ressuscité des morts ?
La plus grande question de notre temps est Qui est le véritable Jésus Christ ? Était-il simplement un homme d’exception, ou était-il Dieu dans la chair, ainsi que Paul, Jean et ses autres disciples l’ont cru ?
Les témoins de Jésus Christ ont en fait parlé et agi comme s’ils étaient convaincus de sa résurrection après sa crucifixion. S’ils ont eu tort, alors le christianisme est basé sur un mensonge. Mais s’ils ont eu raison, un tel miracle soutiendrait tout ce que Jésus a dit sur Dieu, sur lui-même, et sur nous.
Mais doit-on accepter la résurrection de Jésus Christ seulement par la foi, ou y a-t-il de solides preuves historiques en sa faveur ? Plusieurs, parmi les sceptiques, ont entamé des enquêtes sur les traces historiques dans le but d’en prouver la fausseté. Qu’ont-ils découvert ?
Jésus a-t-il parlé de ce qu’il nous arrive après la mort ?
Si Jésus est véritablement ressuscité des morts, alors il doit savoir ce qui se trouve de l’autre côté. Qu’a dit Jésus sur la signification de la vie et sur notre avenir ? Y a-t-il une quantité de chemins qui mènent à Dieu ou Jésus a-t-il déclaré qu’il est le seul chemin ? Lire les réponses étonnantes dans Pourquoi Jésus ?
Jésus peut-il donner du sens à la vie ?
Pourquoi Jésus? examine la question de savoir si Jésus est ou non pertinent aujourd’hui. Jésus peut-il apporter une réponse aux grandes questions de la vie : Qui suis-je ? , Pourquoi suis-je ici ? et Où vais-je ?. Les cathédrales mortes et les crucifix ont amené certains à croire qu’il n’en est pas capable, et que Jésus nous abandonne au milieu du combat dans un monde hors contrôle. Mais Jésus a fait des déclarations sur la vie et notre raison d’être ici sur la terre qui doivent être étudiées avant de le rejeter comme indifférent ou impuissant. Cet article expose le mystère de la raison pour laquelle Jésus est venu sur la terre.
Cliquer ici pour découvrir comment Jésus peut donner du sens à la vie.
- Dan Brown, The Da Vinci Code (New York: Doubleday, 2003), 234.
- Brown, 233.
- Quoted in Erwin Lutzer, The Da Vinci Deception (Wheaton, IL: Tyndale, 2004), xix.
- Brown, 233.
- Brown, 231.
- Lutzer, 71.
- Brown, 234.
- John McManners, ed., The Oxford History of Christianity (New York: Oxford University Press, 2002), 28.
- Darrell L. Bock, Breaking the Da Vinci Code (Nashville: Nelson, 2004), 114.
- Bock, 119-120.
- Quoted in James M. Robinson, ed., The Nag Hammadi Library: The Definitive Translation of the Gnostic Scriptures (HarperCollins, 1990), 138.
- Ibid.,13.
- Bock, 64.
- Norman Geisler and Ron Brooks, When Skeptics Ask (Grand Rapids, MI: Baker, 1998), 156.
- Barbara Kantrowitz and Anne Underwood, “Decoding ‘The Da Vinci Code,’” Newsweek, December 8, 2003, 54.
- Quoted in Robinson, 126.
- Quoted in Lee Strobel, The Case for Christ (Grand Rapids, MI: Zondervan. 1998), 68.
- Quoted in Lutzer, 32.
- Quoted in Josh McDowell, The New Evidence that Demands a Verdict (San Bernardino, CA: Here’s Life, 1999, 37.)
- Linda Kulman and Jay Tolson, “Jesus in America,” U. S. News & World Report, December 22, 2003, 2.
- Stanley Kutler, interview with Frank Sesno, “The Guilty Men: A Historical Review,” History Channel, April 6, 2004.
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